1980-1990

Dessin Catherine Boskowitz

A la suite de sa première mise en scène, Madame de Sade de Yukio Mishima, Catherine Boskowitz est artiste en résidence au Théâtre de la Commune-CDN d’Aubervilliers de 1983 à 1987. Sur l’incitation de Gabriel Garran, alors directeur du CDN, elle rencontre de jeunes acteurs, semi-professionnels, amateurs et professionnels, habitants d’Aubervilliers à la Cité des Huit-cents, la Cité Gabriel Péri, la Cité Émile Dubois. Avec eux, elle entame un voyage théâtral au long cours et fonde une troupe : la Compagnie abc (Aubervilliers Bande Comédie), créée en 1984 au Théâtre de la Commune, avec son premier spectacle : Éclats d’R.

1983

MADAME DE SADE de Yukio Mishima dans une version française d’André Pieyre de Mandiargues. 
La vie du Marquis de Sade à travers les femmes qui l’ont entouré. 

Le spectacle est créé au FRIGO, Théâtre du quai de la gare à Paris et au Théâtre du Lucernaire.

Mise en scène : Catherine Boskowitz. Dramaturgie : André Debaeque. Costumes : Christine Tiano. Décor : Jean Bauer. Lumières: François Campana. Avec : Catherine Boskowitz, Carole Detterer, Brigitte Dubois, Véronique Guichard, Anne-Florence Lefournier, Nathalie Verdier.

1985

ÉCLATS D’R création collective

Première création de la troupe abc (Aubervilliers Bande Comédie), le texte est écrit à partir d’improvisations. C’est l’histoire d’une femme qui n’existe que par son rire et dans l’imagination de jeunes qui se retrouvent chaque soir au pied d’une tour d’une cité d’Aubervilliers. 

Le spectacle est créé au Théâtre de la Commune-CDN d’Aubervilliers et tourne en France et en Allemagne.

Mise en scène : Catherine Boskowitz assistée de Brigitte Dubois. Décor : Jean Bauer. Costumes : Christine Tiano. Lumières : François Campana. Son : Pierre-Jean Horville.

Avec : Akim Touchane, Sonia Naji, Soraya Djoudi, Karim Belkhadra, Jean-Luc Bourron, Halim Kerbouche, Jacqueline Lhuillier, Ahmet Kéchit, Karim Boussouira, Rachid Bouafia, Nicole Le Bian, Florine Rechenstein, Jean-François Wendling.

1986

COMME IL VOUS PLAIRA de Shakespeare

Une jeune femme bannie de la cour trouve refuge dans la forêt. 

Le spectacle a été créé au Théâtre de la Commune-CDN d’Aubervilliers.

Mise en scène : Catherine Boskowitz assistée de Brigitte Dubois. Décor : Jean Bauer. Costumes : Christine Tiano. Lumières : François Campana. Son : Pierre-Jean Horville.

Avec Akim Touchane, Sonia Naji, Soraya Djoudi, Karim Belkhadra, Jean-Luc Bourron, Halim Kerbouche, Jacqueline Lhuillier, Ahmet Kéchit, Karim Boussouira, Michel Todisco, Odile Belle, Marthe Quignon, Sylvie Grégoire, Gérard Grueau, Sophie Berckelaers.

1986

CLOWNS

Variation clownesque librement adaptée du texte Comme il vous plaira de Shakespeare.

Le spectacle a été créé puis repris en 1987 au Théâtre de la Commune-CDN d’Aubervilliers.

Mise en scène : Catherine Boskowitz assistée de Brigitte Dubois. Décor : Jean Bauer. Costumes : Christine Tiano. Lumières : François Campana. Son : Pierre-Jean Horville.

Avec : Akim Touchane, Sonia Naji, Soraya Djoudi, Karim Belkhadra, Jean-Luc Bourron, Halim Kerbouche, Jacqueline Lhuillier, Ahmet Kéchit, Karim Boussouira, Michel Todisco, Odile Belle, Marthe Quignon, Sylvie Grégoire, Gérard Grueau, Sophie Berckelaers.

1987

UNE GRANDE RAISON QU’IL FAIT NUIT de Judith Gershman

Fable drôlatique qui met en scène des personnages réels et d’autres fantastiques dans une forêt aujourd’hui. Libre variation sur Le songe d’une nuit d’été de Shakespeare.

Le spectacle a été créé au Lycée Le Corbusier à Aubervilliers.

Mise en scène : Catherine Boskowitz assistée de Brigitte Dubois. Décor : Jean Bauer. Costumes : Christine Tiano. Lumières : François Campana. Son : Pierre-Jean Horville. Avec : Akim Touchane, Nathalie Incorvaïa, Karim Belkhadra, Jean-Luc Bourron, Halim Kerbouche, Jacqueline Lhuillier, Franck, Ahmet Kéchit, Odile Belle, Marthe Quignon, Gérard Grueau.

En 1987, le Théâtre de la Commune change de directeur, et la Compagnie ABC émigre à La Courneuve, en résidence à la Cité des 4000 où un appartement lui est mis à disposition ainsi que la possibilité de travailler au Centre Culturel et à la Maison du Peuple dans le Quartier des Quatre Routes. La compagnie organise une manifestation sur trois ans intitulée « Coups de cœurs à La Courneuve », invitant plusieurs auteurs, metteurs en scène et réalisateurs – Jean-Pierre Renault, Yves Reynaud, Madeleine Laïk, Gervais Robin, Eduardo Manet, Jean-Henri Roger – à travailler avec les habitants des différents quartiers de la ville sur la création de spectacles et de films. Dans ce cadre, Catherine Boskowitz continue son travail de mise en scène avec les acteurs de la compagnie.

1989

VISONS BURLESQUES POUR IMPROVISATIONS

Clowns et musiciens se rencontrent sur une série de sketchs entièrement conçus sur un canevas d’improvisations.

Le spectacle est créé à la Maison du Peuple Guy Moquet de La Courneuve.

Mise en scène de : Catherine Boskowitz. Décor et costumes de : Francine Jacques. Lumières de : René Rey. Avec : Akim Touchane, Jean-Claude Asselin, Loïc Baylacq, Odile Belle, Karim Belkhadra.

A ce moment là, tout était possible…

Mes souvenirs remontent en force, notamment à partir de 1983, au moment où j’ai créé ma compagnie de théâtre dans les cités d’Aubervilliers, (ma compagnie s’appelle ABC c’est à dire Aubervilliers Bande Comédie) avec 20 personnes dont les noms, entre autres, sont Akim, Ahmed, Soraya, Sonia, Halim, Rachid, Karim mais aussi Odile et Marthe, Nathalie, Sophie, Jacqueline, Balou, Jean-Luc…
Et pour nous, à ce moment là, TOUT était possible… nous étions forts ensemble, nous étions athées, musulmans, chrétiens ou juifs et on s’en foutait de la religion des uns et des autres, c’était une affaire privée… Nous allions prendre d’assaut les théâtres, et notamment le Théâtre d’Aubervilliers – qu’on n’a pas eu à prendre d’assaut d’ailleurs, car il nous a ouvert ses portes – et nous voulions sur les plateaux, inventer des choses inouïes collectivement, changer la donne, en revendiquant ce que nous portions : le métissage, le mélange, la diversité.
Puis ce fut le temps des désillusions et vers 1987/88, et nous avons commencé à comprendre que « ce qu’on était », cette diversité que nous représentions, et bien justement  » posait problème « … 
Posait problème d’abord au milieu culturel et artistique lui-même, qui est un milieu de classe – n’en déplaise à ceux qui croient le contraire – milieu qui, par son système éminemment hiérarchisé, exclut d’emblée les classes populaires – notamment à ce moment-là, les « immigrés de la seconde et troisième génération- du champ de la renommée, de la visibilité, particulièrement dans le théâtre public, pour garder ses privilèges de bourgeois artistes blancs et bienpensants ; 
Posait problème aux politiques qui sous un discours d’intégration, ne produisait que des machines à exclure les pauvres, les différents, les bronzés, les noirs… 
Posait problème aux intellectuels ayant pignon sur rue, ceux-ci préférant le champagne des cocktails entre soi plutôt que de faire cinq kilomètres pour s’inspirer de la formidable énergie qui poussait alors dans la périphérie des grandes villes ;
Posait problème aux médias qui trouvait plus « sexy » de présenter la banlieue comme un trou à délinquants plutôt que comme un bouillonnement de jeunesse mélangée, inventive et force de proposition ;
Posait aussi problème à une mafia qui prenait ses quartiers « drogues » puis « armes », puis « radicalisme religieux » dans les cités, en se servant des caméras que leur tendait les télés avec complaisance. 
Et dans les années 80 et 90, nous avons vu de près les hommes politiques de tous bords commencer à traiter avec cette mafia sans jamais écouter ni donner la parole à ceux qui pensaient autrement et qui étaient capables de construire une autre France, une France métissée et inventive, impertinente et constructive.

Nous, je parle des Akim, Ahmed, Jean-Luc, Balou, Soraya, Sonia, Halim, Catherine, Rachid, Nathalie, Sophie, Odile, Marthe, Karim, notre bande mais aussi de toutes les autres bandes « Black Blanc Beurs » qui émergeaient en même temps, comme celle de Jean Djemad, ou celles réunies par la marche pour l’égalité, je sais qu’on est restés les mêmes… Même si nous n’avons pas pu agir comme nous rêvions d’agir. Qu’on s’est toujours tenu debout, chacun à sa manière, semant sur notre chemin des mots comme égalité, liberté et fraternité sans les avilir.

C. Boskowitz – Texte écrit en février 2015.