Le projet Penthésilée
d’après « Penthésilée » de Heinrich von Kleist, traduit par Julien Gracq
© Photo Pascal Gély
Création 2015
Le 6 mars 2015 au Théâtre Paul Eluard de Choisy-Le-Roi
Les 12 et 13 mars 2015 à 20h30 au Collectif 12 à Mantes la Jolie
Du 4 au 30 mai 2015 au Théâtre des Quartiers d’Ivry
Mise en scène : Catherine Boskowitz
Comédiens : Nanténé Traoré, Nadège Prugnard, Fatima Tchiombiano, Marcel Mankita, Lamine Diarra, Simon Mauclair, Adèll Nodé Langlois
Collaboration artistique et dramaturgie : Leyla Rabih
Assistante à la mise en scène : Estelle Lesage
Musique : Benoist Este
Installation et scénographie : Jean-Christophe Lanquetin
Constructeur et plasticien : Yoris Van den Houte
Vidéo & lumières : Laurent Vergnaud
Costumes : Chantal Rousseau
Stagiaires scénographie : Kevin Klein et Maxime Chudeau
“ Et voici ce que notre peuple décida alors dans son conseil : libres comme le vent sur les libres landes seraient désormais ces femmes - libres - et jamais plus asservies aux hommes. Un état allait naître, souverain et majeur, un royaume de femmes où plus jamais la voix grossière du mâle ne s’élèverait pour nous régenter. ” Penthésilée, Heinrich von Kleist
La scène est un champ de bataille
Chef de l’armée des amazones, irréductible aux règles de la guerre imposées par les hommes, Penthésilée conduit ses guerrières sous les murs de Troie. Comme un torrent venu « d’ailleurs », elle renverse tout sur son passage, au grand dam des commandants grecs et troyens qui n’y comprennent rien. Mais incontrôlable, assoiffée de liberté, Penthésilée refuse aussi la loi arbitraire de son propre peuple qui, pour « raison d’état », lui interdit de choisir l’homme qu’elle désire.
J’entends un écho qui traverse le temps entre Penthésilée et d’autres femmes surgies des luttes armées des années 70 ou des révolutions plus récentes qui ébranlent l’ordre mondial. Cet écho se nomme désobéissance. Par leurs gestes extrêmes, propres à chacune, par l’utilisation de la violence pour certaines, la subversion qu’elles incarnent s’apparente à une force infinie qui naît de la protestation. Avec Penthésilée, elles défient toutes les lois de représentations du genre féminin, au théâtre comme à la bataille.
Je mets ici en scène un certain désordre… ni un drame classique, ni un divertissement, ni une variation militante sur Penthésilée. L’assemblage des scènes, les “ trouées ” dans la représentation, la manière dont je demande aux comédiens d’improviser, de revenir à eux-mêmes puis d’interpréter Penthésilée ou Achille, Prothoé ou Ulysse, de faire la guerre, de construire la représentation sous nos yeux… tente de répondre à Kleist : oui, la scène aujourd’hui encore, est un champ de bataille. Et qu’y surgisse la pièce Penthésilée – de manière fragmentée, s’avançant petit à petit dans le spectacle – au travers du miroir qu’est le théâtre pour notre monde en guerre : chaotique, défait, épuisant, passionnant !
Il est ici question de fissurer la représentation théâtrale, d’en bouger les lignes et de permettre ainsi au spectateur de “ travailler “ avec les artistes et avec l’auteur (mort et ressuscité à l’occasion) sur le présent.
Une déclaration d’amour au théâtre ? Aux acteurs qui racontent l’histoire de celle qui n’a voulu se soumettre à aucune loi, ni celles des hommes, ni celles de son peuple de femmes devenu Etat ? Sûrement.
Et au long du spectacle, court une autre figure, celle-ci libérée de toute contrainte, qui, masquée de son nez rouge, se rit de tout, regarde et subvertit le spectacle… la liberté sous un masque de clown ? Le rêve de Penthésilée, peut-être.
Catherine Boskowitz
Production : Compagnie abc.
Coproduction : Théâtre des Quartiers d’Ivry, Théâtre Paul Éluard de Choisy-le- Roi, Collectif 12, Théâtre de Sartrouville et des Yvelines – Centre Dramatique National, Grenier/Neuf – Dijon, Cie Sokan (Côte d’Ivoire).
Avec l’aide de : la DRAC Île-de-France, la Drac Bourgogne, La Commission internationale du théâtre francophone, la Région Île-de-France, Arcadi Île-de-France, L’Adami et la Spedidam.
Avec le soutien du CENTQUATRE-Paris et de La Cité – Espace de récits communs à Marseille.
© Photos : Pascal Gély